La surveillance des transactions représente un défi majeur en matière de conformité : les entreprises doivent collecter et analyser de grandes quantités de données clients pour identifier rapidement et avec précision les activités potentielles de blanchiment d’argent. Cette surveillance nécessite l’examen des comptes clients selon plusieurs critères clés :
Si les bonnes pratiques semblent simples en théorie, leur application concrète au sein des structures organisationnelles, en tenant compte de l’appétit pour le risque, s’avère complexe.
Cette complexité s’accroît car les entreprises doivent maintenir une surveillance constante, tout en s’adaptant à l’évolution des risques clients, aux nouvelles menaces criminelles et aux changements législatifs en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Pour se prémunir contre les sanctions financières coûteuses et préserver leur réputation, les entreprises doivent maîtriser les bonnes pratiques essentielles en matière de surveillance des transactions.
9 bonnes pratiques pour la surveillance des transactions
1. Utiliser l’IA pour automatiser certaines parties du processus de surveillance des transactions
Grâce aux avancées des logiciels de surveillance automatisée, les tâches routinières sont désormais automatisables, ce qui permet aux entreprises d’opérer à grande échelle tout en libérant du temps aux analystes et experts pour les cas à haut risque et les projets stratégiques. Dans son rapport de 2021, le Groupe d’action financière (GAFI) a souligné l’importance de l’apprentissage automatique et de l’automatisation pour « améliorer la qualité et l’analyse des données » et « détecter les anomalies ».
La surveillance en temps réel, propulsée par l’automatisation intelligente, permet des réponses rapides aux menaces émergentes et une atténuation proactive des risques. L’intégration de la détection avancée d’anomalies optimise l’efficacité de la surveillance tout en allégeant la charge de travail des équipes de conformité.
Par exemple, Holvi, une entreprise proposant des comptes bancaires aux petites entreprises, indépendants et freelances, s’est associée à ComplyAdvantage pour déployer la détection des risques basée sur l’IA. Ce partenariat permet à Holvi de prioriser les alertes de surveillance des transactions à haut risque, améliorant ainsi l’efficacité et la productivité quotidiennes de l’équipe.
2. Mettre en place des processus de vigilance (CDD) et de connaissance client (KYC) efficaces
Un processus d’entrée en relations d’affaires est essentiel pour assurer la satisfaction client et obtenir toutes les informations nécessaires avant d’établir une relation avec la clientèle. Des processus rigoureux de vigilance à l’égard de la clientèle (CDD) et de connaissance du client (KYC) sont fondamentaux. Plus le CDD est efficace, mieux les entreprises peuvent exploiter ces informations pour configurer la surveillance des transactions, détecter les anomalies dans l’activité des comptes et identifier les potentielles activités de blanchiment d’argent.
Cette rigueur est particulièrement cruciale dans le secteur FinTech, où la rapidité de mise sur le marché des nouveaux produits est souvent considérée comme un indicateur clé de performance. Une précipitation dans ce processus risque d’abaisser les critères d’accès aux produits, ce qui surcharge ensuite les équipes de conformité devant identifier et exclure rétroactivement les acteurs malveillants.
3. Adopter une approche fondée sur les risques pour la surveillance des transactions
L’adoption d’une approche fondée sur les risques est un pilier fondamental de toute stratégie LCB, et le logiciel de surveillance des transactions joue un rôle essentiel dans sa mise en œuvre. Le principal défi réside dans la compréhension et la catégorisation des niveaux de risque des clients, en tenant compte des juridictions où ils opèrent et des produits qu’ils utilisent.
Certains secteurs d’activité et marchés présentent naturellement une plus forte concentration de clients à haut risque. Les meilleures pratiques recommandent d’appliquer une surveillance renforcée pour ces clients à haut risque, tandis que les clients à faible risque peuvent faire l’objet de mesures simplifiées.
Le logiciel de surveillance des transactions, grâce à l’intégration de technologies innovantes, facilite la classification des clients par niveau de risque. Cette automatisation permet aux équipes de conformité d’optimiser leur efficacité et de se concentrer sur d’autres missions cruciales.
En outre, ce logiciel aide les entreprises à gérer leurs obligations réglementaires globales en adaptant leurs dispositifs LCB-FT aux exigences spécifiques de leur environnement de conformité local, faisant ainsi de la surveillance des transactions une pratique optimale.
4. Développer des profils de transactions
Au-delà des profils de risque précis, les entreprises doivent établir et gérer des profils de transactions pour détecter efficacement toute activité inhabituelle.
Ces profils de transactions doivent être détaillés et comprendre les éléments suivants :
- Les limites de paiement.
- Les fréquences de paiement.
- Les éléments attendus.
- Les descriptions des montants.
Les institutions financières utilisent ces profils pour évaluer les risques de blanchiment d’argent en repérant les activités impliquant des pays à haut risque, des PPE ou des personnes sanctionnées. Ces profils doivent être rattachés aux dossiers clients et documentés avec des pièces justificatives lorsque possible.
Il est essentiel que les entreprises testent régulièrement ces profils au sein de leur infrastructure LCB-FT en simulant des alertes. Ces contrôles qualité permettent d’identifier les points faibles des systèmes de surveillance et d’optimiser l’utilisation des profils par les équipes LCB.
5. Examiner et optimiser les règles et les alertes
La mise en place de règles et d’alertes est une pratique LCB essentielle pour toute entreprise. Elle permet la détection précoce d’activités suspectes ou frauduleuses grâce à des critères prédéfinis de comportements attendus. Les directives et réglementations des autorités évoluant fréquemment, les entreprises doivent développer une stratégie pour réviser et optimiser leurs règles en continu — assurant ainsi leur agilité face aux changements.
Ces règles nécessitent parfois des ajustements rapides. Les organisations doivent donc disposer d’un système LCB flexible permettant des modifications immédiates pour protéger efficacement leur entreprise et leurs clients.
Le logiciel de surveillance des transactions s’avère particulièrement efficace pour atteindre cette agilité. Un exemple concret est le partenariat entre TransferMate, une entreprise d’infrastructure de paiements B2B en tant que service, et ComplyAdvantage pour aider ses analystes à suivre l’évolution rapide des comportements criminels.
TransferMate a établi avec ComplyAdvantage une règle concernant les indicateurs d’exploitation sexuelle potentielle d’enfants. Lorsque les forces de l’ordre ont signalé des changements nécessaires dans les profils clients, l’équipe de conformité a pu réagir rapidement en modifiant les paramètres du produit ComplyAdvantage. Cette réactivité leur a permis de s’adapter instantanément, alors que ce processus peut prendre jusqu’à six mois avec d’autres fournisseurs.
6. Maintenir une documentation et une tenue de registres appropriées
Le processus de surveillance des transactions précède la soumission de déclarations d’activités suspectes (DAS) et peut mener à des enquêtes criminelles. En raison des implications juridiques potentielles, les directives de surveillance LCB doivent exiger une documentation et une tenue de registres rigoureuses pour toutes les activités de surveillance interne.
La documentation doit englober tous les aspects des transactions surveillées : les motifs de sélection pour examen, les éléments spécifiques jugés suspects, ainsi que tout apport complémentaire, notamment les observations du responsable de la conformité et des cadres supérieurs.
Une documentation et une tenue de registres minutieuses créant une piste d’audit claire sont essentielles en cas d’enquête sur le blanchiment d’argent.
7. Encourager une culture de sensibilisation aux risques
La surveillance des transactions et la LCB fondée sur les risques s’appuient sur une conscience aiguë des menaces auxquelles les entreprises sont exposées. Les meilleures pratiques recommandent donc de promouvoir une culture de vigilance, tant au sein des équipes conformité que dans l’ensemble de l’organisation.
En pratique, cela implique d’établir une liste de signaux d’alerte de blanchiment d’argent adaptés aux clients et au secteur d’activité. Il est également crucial d’offrir aux équipes LCB un retour d’information sur la gestion des transactions complexes. La formation doit être structurée autour des risques spécifiques de l’entreprise, avec un calendrier précis pour former les employés.
8. Analyser et réévaluer les transactions précédentes
Lorsqu’une entreprise détecte un potentiel blanchiment d’argent, elle doit examiner l’activité avec toutes les informations contextuelles disponibles. Les meilleures pratiques de surveillance des transactions LCB exigent donc la réévaluation des transactions précédentes et connexes après la détection d’une activité suspecte.
L’examen des transactions antérieures avec de nouvelles perspectives peut révéler des schémas de comportement auparavant cachés ou, dans le cas de transactions liées, dévoiler l’ampleur réelle de l’activité suspecte. Cette analyse rétrospective permet aux entreprises de mieux comprendre les méthodes actuelles et émergentes de blanchiment d’argent.
Les équipes LCB-FT doivent disposer d’un accès complet aux données historiques pour mener efficacement ces analyses.
Les entreprises doivent abandonner l’approche cloisonnée du stockage des données au profit d’une stratégie unifiée. Cette centralisation permet aux équipes de tous les départements d’accéder rapidement aux informations nécessaires, accélérant ainsi les processus essentiels de surveillance des transactions.
9. Assurer la gouvernance
La surveillance des transactions n’est efficace dans la lutte contre le blanchiment d’argent que si la conformité est gouvernée de manière rigoureuse.
Les cadres supérieurs doivent s’impliquer à chaque étape, de la mise en œuvre aux échanges avec les autorités financières, pour résoudre les problèmes et garantir un processus fluide et cohérent.
Ces cadres doivent examiner les politiques de surveillance des transactions, établir des canaux de communication clairs et doter les équipes LCB-FT des ressources et de l’expertise indispensables à leur mission.
Ils sont également chargés d’instaurer des systèmes de déclaration performants pour garantir la transmission appropriée et rapide des DAS aux autorités compétentes.
Défis courants de la surveillance des transactions
L’identification et la compréhension des défis courants de la surveillance des transactions permettent aux institutions de développer des stratégies et des solutions pour mieux détecter et atténuer les risques potentiels.
- Faux positifs : Les institutions financières font face au défi majeur des alertes de faux positifs. Ces alertes génèrent des coûts et des inefficacités considérables, mais les institutions doivent maintenir un équilibre délicat. La sensibilité des mesures de surveillance ne peut être réduite en raison des risques potentiels : sanctions financières, atteintes à la réputation et non-conformité réglementaire. Les faux positifs nuisent également à l’expérience client en créant des obstacles administratifs. Bien qu’il soit impossible de les éliminer totalement, la surveillance des transactions peut optimiser le processus grâce à des directives précises d’identification et de priorisation. Avec le bon logiciel, les entreprises peuvent réduire les faux positifs de 70 pour cent.
- Évaluation des risques : Chaque organisation a son propre appétit pour le risque et des enjeux spécifiques à prendre en compte dans sa surveillance des transactions. Le logiciel de surveillance peut grandement faciliter cette tâche en proposant des profils de risque et des alertes personnalisables — une adaptabilité essentielle pour maintenir une vigilance et une conformité efficaces.
- Ressources : La gestion efficace des programmes de surveillance des transactions nécessite des ressources importantes, créant des frais généraux supplémentaires. L’utilisation de solutions logicielles permet aux équipes de conformité de gagner du temps pour traiter les véritables alertes et accomplir d’autres tâches stratégiques.
Solutions de surveillance des transactions basées sur l’IA
Alors que la nature des transactions évolue constamment, les logiciels de surveillance utilisés par les institutions financières se perfectionnent également. Les solutions actuelles exploitent l’IA pour optimiser le processus et hiérarchiser les alertes, permettant ainsi un traitement plus rapide et efficace des signalements légitimes.
La banque numérique Holvi a établi un partenariat avec ComplyAdvantage pour moderniser ses processus grâce à une suite de produits intégrés. Parmi ceux-ci figure la solution « alertes intelligentes », qui utilise l’IA pour aider les analystes à prioriser les alertes de surveillance des transactions à haut risque. Valentina Butera, responsable des opérations LCB et AFC de Holvi, témoigne :
« L’implémentation des Alertes Intelligentes a été l’implémentation technologique la plus fluide que nous ayons jamais connue. Nous n’avons connu aucune interruption ni perturbation des opérations commerciales – pas même une seconde. »
En plus d’une implémentation fluide, les institutions financières qui souhaitent déployer une nouvelle solution de surveillance des transactions devraient considérer les critères essentiels suivants :
- Des règles personnalisables adaptées aux besoins spécifiques de l’organisation, avec un fournisseur offrant un support efficace et une interface intuitive.
- Une solution évolutive capable de gérer l’augmentation des volumes de transactions et l’évolution des risques de criminalité financière, permettant ainsi une croissance durable sans changement fréquent de fournisseur.
- Un support client proactif garantissant une implémentation réussie et une optimisation continue des performances.
- Une priorisation des alertes basée sur l’IA pour traiter rapidement les activités à haut risque.
- Un moteur de segmentation robuste pour une approche efficace basée sur les risques.
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Publié initialement
04 janvier 2021, mis à jour 18 décembre 2024